2009-08-05

Les portraits d'Ingres


Les portraits d'Ingres (1/6)
door liberation



Portraits d'Ingres (2/6)
door liberation


Hector Obalk: «Quand un tableau est mauvais, on s’ennuie à le filmer, et quand il est bon, on s'arrête à chacun des croisements de la composition... Un bras croise une main, une branche traverse un nuage, une scène a lieu à l'ombre d'une épaule, et à chaque fois, on découvre des tas de nouveaux tableaux dans le tableau. Ce ne sont pas des "détails", ce sont de nouveaux espaces qui s’ouvrent, comme dans ces portraits d'Ingres, au dos d’une main retournée, ou dans le creux du tombé d’une écharpe.
Les "détails", je laisse ça aux littéraires qui ont besoin de mettre des mots à la place des formes! Je préfère me passionner pour ces sous-espaces qui naissent au fur et à mesure qu'on approche le nez de l'œuvre... Les sous-tableaux, ça n'existe pas dans l'art de l'affiche, ou de la photographie, et presque pas dans dans l'art moderne… car tous ces arts disent l'essentiel de ce qu'ils ont à dire via la totalité de l'image qu'ils donnent à voir. Tout le monde distingue Miro de Mondrian sans qu'on n'ait besoin de regarder leurs œuvres par petits morceaux. On peut toujours zoomer sur une photo de Weston ou sur un tableau de Rothko, on n'a pas affaire à une nouvelle photo ou à un nouveau tableau : on n'a affaire qu'à un détail justement, qui n'a pas d'autonomie.
Ce sont finalement les mêmes raisons qui m'ont, adolescent, fait adoré la peinture moderne, pour me la rendre, avec l'âge, profondément lassante: c'est que tout y est dit à la premier regard. Or, c'est le contraire dans la peinture classique : toutes les vierges à l'enfant du 16e siècle se ressemblent de loin, l'image entière est avant tout conventionnelle, en tout cas bien plus typique des conventions de l'époque que de la personnalité de l'artiste… laquelle éclate en revanche dans chacune de ses sous-parties, c'est-à-dire dans chacun de ses sous-tableau. La peinture classique a beaucoup plus à voir avec le cinéma, les sous-tableaux composant autant de "moments" différents du tableau… et c'est pour ça que je les filme.»
Propos recueillis par Jérôme Foti.
• série «Grand Art» en dvd, arte éditions.
Premiers titres : «Lucian Freud», «Ingres».
Vente en ligne http://www.arte-boutique.fr/

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